Les enjeux de la transmission en Livradois-Forez (1)

Cet article est le troisième d’une série consacrée à l’agriculture de notre territoire. Le Réseau Agricole Livradois-Forez souhaite vous parler des exploitants qui font vivre vos communes, de leur passion, de leurs défis, et surtout des enjeux d’avenir de leur métier.

A l’image de sa création, la transmission d’une entreprise n’est pas chose aisée. C’est un acte irréversible qui implique la construction d’un véritable projet entre l’agriculteur qui transmet (le cédant) et l’agriculteur qui s’installe (le repreneur) prenant en compte des besoins communs mais aussi des intérêts divergents. C’est un processus long, faisant intervenir de nombreux acteurs, pour permettre la passation d’une activité, d’un patrimoine, d’une histoire et de savoir-faire spécifiques.

D’après une étude menée en 2014 par le Réseau Agricole, 57% des exploitants du Livradois-Forez  ont plus de 50 ans et seront donc concernés par cette question de transmission d’ici à 10 ans. Or moins de la moitié d’entre eux aurait identifié un repreneur.

Si depuis des années en France des dispositifs existent pour accompagner les candidats à l’installation (parcours personnalisé, Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA), prêts bonifiés…), il n’en est pas de même pour la transmission.

En effet, jusque récemment, ce processus de transmission s’inscrivait dans une continuité familiale ; il se faisait donc de manière naturelle et progressive. Le repreneur acquérait au fil des années les capacités professionnelles et la légitimité de chef d’exploitation. Aujourd’hui, les reprises se font majoritairement hors du cadre familial. Les cédants doivent donc se tourner vers un public de repreneurs non familiaux et sont confrontés à un nouveau modèle de transmission.

C’est pourquoi une sensibilisation et un accompagnement des cédants s’avèrent nécessaire, pour anticiper ces changements. C’est une des missions que s’est fixé le Réseau Agricole avec ses partenaires.

Stats transmission

L’anticipation est en effet essentielle, car de nombreuses décisions doivent être prises, par le cédant et le repreneur.

Chez le cédant, le rapport au métier forgé au cours de sa carrière joue un rôle au moment de la transmission. Plusieurs stratégies sont identifiées. Il y a notamment ceux qui ont gardé la passion de leur métier, qui sont à la recherche d’un repreneur partageant des valeurs, un modèle d’agriculture et faisant partie des mêmes réseaux professionnels. Ils souhaitent transmettre pour pérenniser leur système, leurs idées. A l’inverse, il y a ceux qui sont dans une logique purement entrepreneuriale, qui n’attachent pas de valeur sentimentale particulière à leur exploitation. Ils souhaitent vendre pour valoriser les bénéfices liés à leur travail. Dans ces deux cas, la transmission peut être anticipée : en cherchant un repreneur via les réseaux professionnels, ou en prenant un apprenti, un salarié fidélisé sur l’exploitation et encouragé à prendre la suite. Enfin il y a ceux qui, désabusés, jugent le métier trop difficile, l’exploitation non viable, l’avenir trop incertain. Ils ne souhaitent pas transmettre et placer un jeune dans une situation qu’ils jugent impossible ; l’exploitation est alors démantelée au profit des structures voisines. La transmission est une étape humainement difficile pour le cédant. Être le dernier maillon qui n’a pas su pérenniser l’héritage familial est parfois vécu comme un échec douloureux. Une toute nouvelle vie commence, sans astreintes, sans responsabilités ; la retraite si elle n’est pas anticipée peut être mal vécue par certains, qui ont du mal à « couper le cordon ». Les inquiétudes sont amplifiées lorsque la transmission s’effectue dans le cadre familial : ai-je bien fait d’encourager mon enfant/neveu à reprendre ?

Chez le repreneur, les motivations à l’installation se construisent au fur et à mesure de la concrétisation du projet. Pour certains l’essentiel est de devenir un chef d’entreprise indépendant : Ils souhaitent reprendre une structure individuelle pour y créer leur propre projet. Pour d’autres, c’est la capacité financière qui conditionne les décisions : Les économies que représente alors l’intégration d’une société déjà en fonctionnement sont un argument de poids.

Une fois le couple cédant/repreneur identifié, vient l’heure de la négociation. Bien souvent, l’incompatibilité des projets de l’un et de l’autre émerge. De nombreux facteurs doivent être discutés : le prix, la date de reprise, la cession ou non de la maison d’habitation, le partage des rôles (dans le cas d’une société), les changements de production éventuels,… Chacun doit trouver sa place, être à l’écoute des attentes de l’autre, et faire des compromis.

A suivre le mois prochain, la suite des enjeux de la transmission en Livradois-Forez. Foncier, valeur économique de l’exploitation et démarches administratives sont autant d’obstacles à franchir dans le parcours à la transmission.

Pour aller plus loin :

Vous souhaitez connaître les exploitations à reprendre sur le territoire ? Vous réfléchissez à votre projet d’installation ? Plusieurs adresses pour s’informer et se faire connaître : le Répertoire Départemental à l’Installation (RDI) , le réseau Cap’actif, ou le dispositif Auvergne Life.

Et à noter dans vos agendas : le 3 juin prochain à Ambert, « OSEZ L’AGRICULTURE EN LIVRADOIS-FOREZ ! ». Novices et curieux, venez découvrir l’exploitation de Bernard, Christiane et Sébastien et échanger sur les opportunités agricoles du territoire.

Affiche 3 juin

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