Evolution du paysage et Moule perlière

Penser la préservation de l’espèce à l’échelle de la vallée

En vallée de l’Ance, des habitants du Parc sont allés à la découverte de la Moule perlière avec l’animateur nature et photographe Fabien Geiler. La préservation de la Moule perlière a été pensée à plusieurs échelles au cours de trois ateliers, de son habitat le cours d’eau jusqu’aux paysages du bassin versant de l’Ance du Nord.

Mots clé : Natura 2000 ; biodiversité ; Moule perlière ; Vallée de l’Ance ; projet pédagogique

Pour cette année 2023, le projet pédagogique sur le site Natura 2000 « Rivières à moules perlières du bassin de l’Ance du Nord et de l’Arzon », a mobilisé le grand public sur un thème original : quel lien entre le paysage et la préservation de la Moule perlière en vallée de l’Ance ? Les participants ont été encadrés par l’animateur nature et photographe Fabien Geiler,  du bureau des accompagnateurs en montagne « A pas de Lynx » (du réseau « sur les pas de Gaspard »), accompagné par l’animatrice Natura 2000 Elisa Ottmann, qui a pu aider à la création du projet et présenter les actions de préservation de l’espèce.  

En vallée de l’Ance, la Moule perlière est une espèce rare et menacée, qui a besoin de cours d’eau de très bonne qualité. Elle est classée en « danger critique d’extinction » en Europe et ses effectifs ont chuté de 99%. Même si la population de l’Ance du Nord est l’une des plus importantes d’Auvergne avec près de 6500 individus, ses effectifs sont aussi en forte régression. Cette situation s’explique par l’absence de recrutement, soit la non-présence de jeunes individus venant renouveler la population.

Une étude menée en 2021 sur la vallée de l’Ance du Nord par le malacologue Sylvain Vrignaud, a identifié plusieurs causes possibles de régression de la Moule perlière, principalement le colmatage et l’instabilité sédimentaire des cours d’eau. Notamment, les variables paysagères, telles l’occupation du sol et la pente, influencent la dynamique hydro-morphologique des cours d’eau, et peuvent in fine expliquer la présence ou l’absence de l’espèce.

Penser la préservation d’une espèce, c’est donc d’abord penser à la préservation de son habitat et ce jusqu’à l’échelle du paysage. Pour aborder cela, trois ateliers ont été animés, et ont donné lieu à d’intéressantes observations dans la Vallée, illustrées des photos des participants.

Vallée de l’Ance © Emmanuel Jouve

Une première rencontre …

Le 16 septembre, une première rencontre avec la discrète Moule perlière a eu lieu sur un des affluents de l’Ance.

Une présentation s’impose, l’animateur Fabien Geiler a proposé un premier atelier pour mieux connaître ce bivalve. Organisée en plein air, cette première intervention a commencé par l’observation d’une Moule perlière depuis la berge à l’aide d’un aquascope. Ensuite, l’animateur a présenté son cycle de vie. Une première introduction a été faite sur le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, habitat de la Moule perlière, et sur les éléments pouvant perturber leur dynamique ou les polluer.

Moule perlière dans un affluent de l’Ance Vallée de l’Ance © Fabien Geiler

Arpenter le territoire et comprendre l’évolution des paysages : de quoi a besoin la Moule perlière pour vivre ?

Pour comprendre ce qui conditionne la bonne santé des moules perlières, prenons de la hauteur. Lors du deuxième atelier du 28 octobre, Fabien Geiler a invité les participants à une balade en vallée de l’Ance, avec différents points de vue pour lire le paysage et comprendre son évolution. Le départ a eu lieu à Saint-Clément-de-Valorgue, après un accueil dans les locaux de l’association Résilab. L’animatrice Natura 2000 les a accompagnés pour apporter le regard du gestionnaire de l’environnement et donner quelques exemples d’actions pour préserver les cours d’eau et les espèces qui y évoluent.

A l’aide de photographies anciennes, les participants ont pu comparer les paysages passés et actuels, et voir que la Vallée était autrefois moins boisée, l’activité agricole plus prégnante et les ripisylves très peu développées.  Le paysage est façonné par les activités humaines, qui ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Quels impacts l’activité forestière intensive peut avoir sur les cours d’eau ? Quelles sont les conséquences d’un labourage trop proche des berges ? Quel est l’intérêt de préserver les ripisylves ? Telles sont les questions posées lors de la balade, suivies d’éléments de réponse sur les actions mises ou à mettre en œuvre dans la vallée, pour préserver les cours d’eau en conciliation avec les pratiques humaines raisonnées.

L’Ance et l’aulnaie de l’ancienne gravière de Raffiny © Alain Poinas

Valoriser ses découvertes : une prochaine balade nature ?

atelier de valorisation du 2 décembre © Elisa Ottmann

Pour le dernier atelier du 2 décembre, qui s’est déroulé dans les locaux du Continental à Saint-Anthème, les participants ont été invités à valoriser les connaissances acquises lors des deux premiers ateliers. Ce petit bivalve bien que discret les a fascinés, et la motivation était au rendez-vous pour imaginer une prochaine balade à proposer au grand public. Aidés par Fabien Geiler et l’animatrice Natura 2000, ils se sont penchés sur la création d’un nouvel itinéraire de balade nature autour de la Moule perlière sur le secteur de l’ancienne gravière de Raffiny. Cette balade sera peut-être proposée l’année prochaine au grand public !

L’animatrice Natura 2000 remercie chaleureusement les participants à ce projet pédagogique et Fabien Geiler pour l’organisation des ateliers. Merci aussi aux associations du Résilab et du Continental pour l’acceuil dans leurs locaux !