Le sonneur à ventre jaune, une espèce remarquable, emblématique du Livradois-Forez

Le Sonneur à ventre jaune, Bombina variegata, est un petit crapaud de 3 à 5 centimètres, facilement reconnaissable à la coloration jaune marbrée de noir de sa face ventrale, contrastant fortement avec sa face dorsale grisâtre, ainsi que ses pupilles en forme de cœur. En déclin en France, celui-ci est présent sur certains secteurs du Parc naturel régional Livradois-Forez.

Petit, au chant très discret, il est possible de rencontrer cet amphibien en milieu bocager, dans les prairies en lisière de forêt mais aussi sur les chemins forestiers. Il fréquente des biotopes aquatiques de nature variée, aussi bien anthropiques que naturels : mares, ornières, fossés, anciennes carrières inondées… Le sonneur à ventre jaune est une espèce dite « pionnière » car ce petit crapaud est capable de coloniser rapidement un site avec peu d’effectifs et adapte sa reproduction en fonction des conditions (météos et types de milieux). Dès sa sortie de l’hivernation au début du printemps, il recherche des points d’eau ensoleillés et peu profonds pour se reproduire. Ces habitats aquatiques sont nécessaires à sa reproduction, sa ponte, au développement de ses larves et à son alimentation.

Son aire de répartition couvre la majeure partie de l’Europe centrale. En France, la majorité des populations se trouve à des altitudes inférieures à 500 m. Vous pourriez l’observer aux abords de vos sentiers de promenade lorsque les ornières ou les fossés ont été remplis par les eaux de pluie. Toutefois, il est parfois difficile de le distinguer lorsque seuls ses yeux dépassent de la surface de l’eau.

Lorsqu’un individu se sent en danger sans pouvoir se réfugier, il arrive que, par réflexe de défense, celui-ci adopte une posture typique dite de « lordose » : le sonneur cambre son dos et relève ses quatre membres en plaçant ses mains devant ses yeux. En dévoilant ses couleurs vives, il indique ainsi sa toxicité.

© Guillaume Moiron

Les actions du Parc naturel régional Livradois-Forez en faveur du sonneur à ventre jaune :

Ce crapaud est intégralement protégé sur le territoire métropolitain et considéré comme vulnérable aux plans national et régional ; c’est pourquoi, le Parc Livradois-Forez en assure le suivi, en partenariat avec la Société d’histoire naturelle Alcide-d’Orbigny (SHNAO).

Les Etangs de la Molière :

Sur le site Natura 2000 de la Plaine des Varennes, le Sonneur à ventre jaune est particulièrement présent aux Etangs de la Molière (Glaine Montaigut, Bort l’étang, Neuville). Cette population de Sonneur est l’une des plus importantes du Puy-de-Dôme. Il s’agit d’une ancienne carrière d’argile aujourd’hui inondée entourée d’une zone boisée (Bois de la Mure). La zone est soumise à un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) qui couvre 31,5 ha depuis 2012 dans le but premier de préserver les populations de Sonneur à ventre jaune et de Triton crêté qui s’y trouvent. Cet arrêté interdit, entre autres, le comblement des mares, fossés et ornières, la dégradation chimique des eaux, l’introduction du sanglier ou encore la circulation des véhicules à moteur.

Depuis 2015, un suivi est effectué par le Parc et la SHNAO chaque année à raison de 2 jours de prospection par an entre mai et juillet lors de la reproduction du Sonneur. Tous les habitats favorables aux espèces cibles sont alors prospectés (ornières, flaques, fossés, mares). La longévité des individus (ou leur taux de survie) peut être un indicateur du degré de perturbations auquel la population est soumise.

Le Lac d’Aubusson d’Auvergne :

Depuis 2019, une attention particulière est portée sur le Sonneur à ventre jaune sur les parcelles autour du Lac d’Aubusson dans le site Natura 2000 « Cavité minière de La Pause ». La Communauté de communes Thiers Dore et Montagne ainsi que la Parc réalisent depuis plusieurs années des aménagements en faveur de l’espèce, en partenariat avec le lycée Nature et Forêt de Noirétable. En 2019, le premier chantier avait permis la réalisation de 10 mares dans une zone humide à l’aval du lac et ces nouveaux habitats ont été colonisés la même année par plusieurs individus de Sonneur à ventre jaune. Depuis, ces aménagements continuent d’être entretenus pour créer des conditions favorables à la présence de l’espèce.

© Coline Peignelin

Depuis quelques années, des sècheresses ainsi que des canicules marquées, en lien avec les changements climatiques globaux, sont de plus en plus fréquemment observées en début d’été. De nombreuses ornières sont alors dépourvues d’eau au moment de la reproduction des Sonneurs à ventre jaune, ce qui peut entraîner une chute de ses populations. C’est pourquoi il est important de poursuivre les suivis des populations de cette espèces afin de mieux comprendre son évolution.