Les chauves-souris cherchent la nuit… et nous pouvons les aider à la retrouver !

La nuit est un refuge pour de nombreuses espèces. Pour les chauves-souris, elle est synonyme de vie. Quand la nuit s’efface sous la lumière artificielle, c’est tout un monde qui vacille. Au sein du Parc, des actions concrètes émergent pour redonner sa place à l’obscurité et protéger les chauves-souris, alliées précieuses des écosystèmes.

Mots clés : Chauves-souris, pollution lumineuse, biodiversité nocturne, extinction éclairage public, ciel étoilé

La pollution lumineuse est aujourd’hui reconnue comme un facteur d’érosion de la biodiversité. Pour les chauves-souris, mammifères nocturnes indispensables à l’équilibre écologique et précieuses régulatrices d’insectes, la lumière artificielle constitue une perturbation de leur environnement voire une barrière infranchissable pour certaines d’entre elles. Dans le Parc naturel régional Livradois-Forez, le diagnostic des points lumineux, les extinctions ciblées, les animations de sensibilisation permettent de lutter contre ce phénomène et de restaurer un ciel étoilé favorable à la vie nocturne.

La lumière artificielle : un vrai défi écologique

La pollution lumineuse désigne la lumière artificielle excessive, mal orientée ou inutile qui perturbe les cycles naturels jour/nuit. Pour les chauves-souris, ses effets sont multiples :

  • Désynchronisation des rythmes biologiques : L’activité nocturne de certaines espèces est retardée, affectant la chasse ou la reproduction.
  • Fragmentation des habitats : Les alignements de lampadaires créent des barrières infranchissables pour les espèces lucifuges.
  • Déséquilibres alimentaires : Les insectes attirés par les lampadaires deviennent une ressource artificielle, provoquant une sur-prédation et une modification des chaînes alimentaires.
Grand rhinolophe © Mélanie Dunand

Certaines chauves-souris, comme la Pipistrelle commune ou la Sérotine, tolèrent en partie la lumière et chassent les insectes attirés par les lampadaires. Mais d’autres – les Rhinolophes, les Murins, ou la Pipistrelle de Nathusius – évitent strictement les zones éclairées, perçues comme dangereuses. Résultat : leur territoire se rétrécit, leur reproduction se complique, et les populations déclinent.

Carte de la pollution lumineuse au sein du Parc naturel régional Livradois-Forez © IPAMAC

 Des populations en net déclin

Le programme national de sciences participatives Vigie-Chiro révèle une chute préoccupante : 43 % des populations de chauves-souris ont disparu en métropole entre 2006 et 2021. Parmi les espèces les plus touchées :

  • Noctule commune : –88 %, espèce désormais vulnérable selon l’UICN (International Union for Conservation of Nature).
  • Pipistrelle de Nathusius : –46 %.
  • Sérotine commune : –30 %.

Ce déclin est aggravé par d’autres facteurs : perte d’habitats, pesticides, collisions avec des éoliennes, etc. Il reflète un déséquilibre profond de la biodiversité nocturne. Même les espèces dites « communes » ou plus « tolérantes » ne sont pas à l’abri. Les derniers résultats montrent que le Murin de Daubenton et le Minioptère de Schreibers enregistrent aussi des reculs inquiétants, particulièrement en région Auvergne-Rhône-Alpes. En parallèle, la lumière favorise les espèces plus adaptables, ce qui déséquilibre les communautés et appauvrit la diversité.

Des réponses concrètes dans le Parc Livradois-Forez

Le Parc Livradois Forez agit avec les autres Parcs naturels régionaux du Massif Central, dans le cadre du réseau IPAMAC (Inter-Parcs du Massif Central) qui les regroupe. Le déclin des populations de chauves-souris est une problématique partagée : des échanges d’expériences, des outils mutualisés et des campagnes communes renforcent alors l’impact de chaque action locale.

Dans le Livradois-Forez, plusieurs leviers sont mobilisés en partenariat avec les communes et les habitants :

  • Cartographie de la pollution lumineuse pour cibler les zones à enjeux.
  • Accompagnement des communes dans la réalisation de diagnostics participatifs d’éclairage public intégrant les habitants.
  • Diffusion du guide “Vivre avec l’obscurité, pour aider à repenser l’éclairage public
  • Animations nocturnes : balades nature, conférences.
Les enjeux de l’obscurité au quotidien © IPAMAC

Pour en savoir plus : https://www.parc-livradois-forez.org/valoriser/energies/preserver-la-qualite-du-ciel-nocturne/

Deux leviers nationaux pour inspirer le local

Le label “Villes et Villages étoilés”, porté par l’ANPCEN*, récompense les communes engagées dans une gestion sobre de leur éclairage public. En 2024, 570 communes étaient labellisées, économisant en moyenne 40 % d’électricité.

*Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes

Animations nocturnes © PNRLF

Le Jour de la Nuit, événement national organisé chaque année au mois d’octobre, invite à l’extinction symbolique d’une partie de l’éclairage public. Certaines communes du Parc y participent ponctuellement. L’occasion de faire de belles balades nocturnes, observations du ciel et découverte de la faune : un moment convivial et pédagogique sensibilisant petits et grands aux bienfaits de la nuit !

Restaurer la nuit, c’est préserver la vie

L’obscurité n’est pas une absence, mais un habitat. Elle est un élément vital pour les chauves-souris, mais aussi pour bien d’autres espèces.  Changer nos habitudes d’éclairage ne nuit pas au confort ni à la sécurité. Au contraire : adapter l’éclairage, c’est aussi réduire les dépenses énergétiques, protéger activement la biodiversité … et la magie d’un ciel étoilé.

Vous aussi, redonnez de la valeur à la nuit : éteignez la lumière, observez le ciel, et rejoignez le mouvement.

 

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