Avec le dérèglement climatique, les forestiers ne peuvent plus miser sur certaines essences forestières. Dans ce contexte, comment adapter les peuplements forestiers en conciliant la production sylvicole avec la préservation des habitats forestiers d’intérêt communautaire ?

mots clés : dérèglement climatique, adaptation, forêt, Natura 2000

Comment le sylviculteur peut-il entamer une adaptation progressive de ses peuplements face aux évolutions climatiques subies tout en préservant les habitats forestiers ? Que faire lorsque les taux de dépérissement conduisent le sylviculteur à faire évoluer la composition en essences du peuplement ?

Vous avez dit « habitat forestier » ?

*Lexique en fin d’article

Pourquoi un nouveau cahier technique pour la sylviculture ?

Domaine d’application

Le cahier technique «  Habitats forestiers d’intérêt communautaire : concilier production et préservation » concerne plus particulièrement les habitats forestiers d’intérêt communautaire^* en site Natura 2000 (qui représentent 5% de la surface forestière régionale) mais les principes évoqués dans cet outil peuvent être appliqués à tout habitat forestier.

En effet, certains habitats sont qualifiés « d’intérêt communautaire ». Rares à l’échelle européenne ou représentatifs d’une aire géographique spécifique, ils peuvent encore être observés là où les sylviculteurs ont participé à leur préservation, conciliant exploitation et dynamiques naturelles. Ces derniers ont travaillé les essences présentes sans convertir les peuplements et parfois maintenu une strate arborescente consistante ou favorisé un mélange des essences caractéristiques de l’habitat, c’est-à-dire les espèces forestières naturellement présentes dans le contexte considéré.

Comment savoir si mes parcelles forestières sont concernées ?

==> Une cartographie des sites Natura 2000 présents sur ce territoire est disponible sur le site internet du Parc naturel régional Livradois-Forez (https://www.parc-livradois-forez.org/preserver/sites/natura-2000/carte/).

==> Pour voir si l’une de ses parcelles est concernée par un habitat d’intérêt communautaire, le sylviculteur peut utiliser le portail cartographique DATARA  (https://carto.open-datara.fr/1/habitats_n2000_r84.map) de la DREAL.

==> L’Annexe 1 de la Directive Européenne « Habitats, Faune, Flore » liste les habitats d’intérêt communautaire.

Objectifs

L’outil propose des pistes de réflexion et des orientations de gestion conciliant production et préservation des habitats pour les peuplements forestiers présentant des dépérissements plus ou moins importants dans lesquels les essences autochtones^* de production adaptées sont peu nombreuses.

NB : Il convient de rappeler que, dans les habitats naturels forestiers d’intérêt communautaire sains, l’introduction d’essences allochtones (épicéa, douglas, mélèze, pin laricio, chêne rouge…) doit être évitée. Non typiques du cortège, elles sont moins favorables à la biodiversité que les essences autochtones (sapin pectiné, hêtre, érable…) du fait d’une longue coévolution, par exemple avec les champignons mycorhiziens.

En bref : les questions à se poser et les grands principes à respecter

1- L’état du peuplement justifie-t-il une coupe rase sanitaire ?

• La coupe rase n’est à envisager qu’en dernier recours (diagnostic sylvicole nécessaire).

2- Quelles essences introduire / privilégier ?

• L’introduction d’essences allochtones^* devra être inférieure à 15%.

3- Quelles modalités d’introduction ?

• Les plants doivent être introduits pied à pied (ce qui est souvent délicat sur le plan technique) ou par bouquets de surface strictement inférieure à 625m².

Pour télécharger la version PDF du cahier technique RDV sur le site internet.

Lexique (*)

Allochtone (essence) : essence introduite, non naturellement présente sur le territoire considéré.

Autochtone (essence) : essence naturellement présente sur le territoire considéré.

Habitat d’intérêt communautaire : habitat correspondant aux types mentionnés à l’annexe I de la Directive « Habitats, Faune, Flore » et qui ont été sélectionnés en fonction de critères de rareté, d’aire de répartition réduite ou de danger de disparition.

Station : étendue de terrain de superficie variable, homogène dans ses conditions physiques et biologiques : mésoclimat, topographie, géomorphologie, sol, composition floristique et structure de la végétation spontanée.