Le 20 septembre, la commune de Chambon-sur-Dolore a inauguré le jardin de la Clémentine, un espace réaménagé au cœur du hameau de Malvieille. Habitants, élus et partenaires se sont rassemblés pour mettre à l’honneur un fruit aussi universel qu’improbable… né de l’histoire d’un enfant du pays.
Mots clés : aménagement, couderc, participatif, paysage
Sur les hauteurs du Livradois, dans le hameau de Malvieille, à Chambon-sur-Dolore, un couderc murmure l’histoire d’un fruit qui ne pousse pas dans le Livradois-Forez : la clémentine. L’idée peut étonner, tant ce fruit évoque plutôt des vergers méditerranéens que les paysages du Haut-Livradois. Mais c’est dans ce hameau qu’est né Vital Rodier, devenu frère Clément, auquel on attribue la création de la clémentine.
Né en 1839 à Malvieille, Vital Rodier – devenu frère Clément – quitte très jeune les chemins du Livradois pour rejoindre l’Algérie. À Misserghin, il expérimente la greffe et diversifie les cultures. C’est là que, par hasard ou par intuition, naît la clémentine : fruit hybride du mandarinier et du bigaradier, ou découverte fortuite sur les rives d’un oued.
Pour célébrer cette histoire singulière, la commune du Chambon-sur-Dolore, avec l’appui de la communauté de communes Ambert-Livradois-Forez, du syndicat mixte du Parc naturel régional Livradois-Forez et du conseil départemental du Puy-de-Dôme, a réaménagé le couderc du hameau, autrefois réduit à un terrain de pétanque et aux vestiges d’anciennes bâtisses. Désormais, ce lieu raconte l’épopée de la clémentine de manière simple et subtile.

Au centre, une calade en forme de clémentine veille sur la source du ruisseau, tandis qu’un banc de pierre marque l’emplacement de la maison natale de frère Clément. Les rosiers ‘Clémentine’, plantés par les habitants, illuminent le site de leur teinte orangée et tissent un lien vivant entre la mémoire et les usages actuels.
L’aménagement, volontairement sobre, valorise des matériaux de proximité et des gestes collectifs : pierres issues des vieilles maisons, réemploi de matériaux, murs en pierre sèche, poteaux et planches offerts par les habitants. Cet esprit partagé confère au projet une dimension patrimoniale nouvelle, transformant avec élégance un terrain de jeu ordinaire. Les paysagistes Louis Simonin (Atelier Brousailles) et Colin Drouin ont su révéler le site avec finesse, dans le respect de son identité. Comme l’ont exprimé certains habitants, « c’est comme si l’aménagement avait toujours existé ».
Ce jardin, à la fois lieu de mémoire, de convivialité et de promenade, témoigne de la vitalité d’un petit hameau du Haut-Livradois et d’un héritage inattendu qui continue, plus d’un siècle après, à porter ses fruits comme en témoigne l’inauguration du projet.
