Les chauves-souris en Livradois-Forez

Longtemps dédaignées, elles sont aujourd’hui reconnues comme importantes, inoffensives, vulnérables. C’est pourquoi les chauves-souris sont protégées en France depuis 1976, et suivies sur le territoire du Parc naturel régional Livradois-Forez depuis presque une vingtaine d’années.

Mots clé : chauves-souris, préservation, biodiversité, Petit Rhinolophe, Natura 2000

Parmi les espèces de la faune sauvage qui font partie de la richesse du Livradois-Forez, les chauves-souris sont méconnues voire mal aimées. Or, elles sont des maillons clés de la biodiversité et des témoins de la bonne qualité de notre environnement. Leur préservation est l’un des objectifs de certains sites Natura 2000 qui ont été désignés pour elles ; en particulier, le Petit Rhinolophe a trouvé dans des anciennes galeries minières ou dans certaines églises des abris, parfois pour quelques individus en transit, mais parfois jusqu’à plusieurs centaines d’individus qui s’y regroupent pour l’hiver ou pour y mettre bas en période estivale.

Les chauves-souris qui partagent nos granges et nos caves ne sont pas si différentes de nous. En effet, ce sont des mammifères sociaux qui réalisent beaucoup de leurs activités ensemble : la recherche de nourriture et de gites pour s’abriter mais aussi l’élevage des jeunes. Comme l’Homme, les chauves-souris se reproduisent lentement : les mères donnent naissance à 1 seul jeune par an.

Les chauves-souris ont une assez grande longévité : 20 à 30 ans en fonction de l’espèce (le record étant de 48 ans). La recherche scientifique nous indique qu’elles ont une excellente mémoire à long terme, des aptitudes à résoudre des problèmes, et même de l’empathie : quelques espèces sont connues pour adopter les jeunes orphelins de la colonie.

Parmi toutes les espèces de mammifères, 20% sont des chauves-souris. Au niveau mondial, environ 1400 espèces sont connues et il en reste à découvrir. En Auvergne, nous connaissons 29 espèces de chauves-souris.

Ces 29 espèces sont essentiellement insectivores, bien que la Grande Noctule (Nyctalus lasiopterus) soit susceptible de se nourrir de petits passereaux pendant sa migration, et que le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), une espèce liée aux zones humides et aquatiques, soit capable de chasser les petits poissons qui sautent parfois hors de l’eau des rivières.

Elles sont des maillons clés de la chaîne alimentaire et des témoins de la bonne qualité de notre environnement puisque leurs zones de chasse sont essentiellement des surfaces en eau, des prairies naturelles, des zones de bocage maillées de haies et des lisières forestières ou encore des ripisylves en bordure de rivière où elles capturent en vol leurs proies.

Toutes sont inoffensives, protégées par la loi et suivies attentivement dans la région afin de favoriser leur conservation… et toutes ont besoin de notre aide !

Quelques actualités autour des chauves-souris :

  • Le comptage hivernal :

Des comptages hivernaux sont coordonnés et effectués chaque année par l’association Chauve-Souris Auvergne et le Parc, dans le but d’améliorer les connaissances et de suivre l’état de conservation des populations présentes sur le territoire.

Les gîtes ciblés pour les comptages hivernaux se situent principalement au sein des sites Natura 2000 « Cavité minière de la Pause »,  « Auzelles », et « Dore et Affluents ». Il s’agit de petites grottes, galeries minières, caves, et même une crypte d’église — des endroits frais et humides privilégiés par plusieurs espèces de chauves-souris pour leur hibernation.

Le comptage hivernal 2024 a eu lieu fin janvier, comme chaque année. A cette occasion, 9 cavités ont été prospectées et 7 espèces au minimum ont pu être déterminées  ; quelques espèces sont difficiles voire impossibles à distinguer sans mesures précises, qui ne sont pas effectuées afin de ne pas déranger les animaux, très vulnérables pendant leur hibernation. Il s’agit d’espèces ‘cavernicoles’ relativement faciles à repérer. D’autres espèces hivernent dans des arbres ou même migrent hors région.

Cette année, la crypte d’une église qui abrite habituellement une belle population de Petit Rhinolophe (entre 200 et 250 individus ces dernières années) était totalement inoccupée à la date du comptage. Conditions climatiques trop chaudes ? Le groupe a trouvé un autre gîte plus favorables ? Il est difficile pour l’instant de le déterminer sans des suivis complémentaires.

Comptage dans une galerie de mine
  • Le comptage estival :

En période d’activité estivale, les chauves-souris utilisent de nombreux sites. Les colonies s’installent majoritairement dans des endroits sombres et chauds (combles, greniers ou arbres creux) mais aussi dans les milieux souterrains, sous un pont ou encore derrière un volet.

Le site Natura 2000 « Complexe minier de la vallée de la Senouire » comprend un réseau de galeries minières qui abritent pour certaines des chauves-souris en hibernation, ainsi qu’une mosaïque d’habitats qui leur sont favorables. Un suivi estival des gîtes connus de chiroptères est effectué chaque année par l’association Chauve-Souris Auvergne afin d’améliorer les connaissances et de suivre l’évolution des populations et l’état de conservation des colonies présentes sur le territoire. Actuellement de nombreux gîtes sont déjà connus : 17 gîtes estivaux pour le Petit rhinolophe, 6 gîtes estivaux pour la Barbastelle d’Europe et 1 gîte estival pour le Murin de Besctein.

Ces suivis permettent également de poursuivre la sensibilisation des propriétaires à la protection des colonies. Cette année, le suivi estival aura lieu entre les mois de juin et juillet.

  • La prise en compte de la préservation des chauves-souris dans des travaux de restauration d’ouvrage d’art :

En 2022, les services du Conseil départemental du Puy-de-Dôme ont contacté les animateurs du Parc afin d’être accompagnés dans la bonne prise en compte des enjeux environnementaux pour les travaux prévus sur des ponts en zone Natura 2000. Ceci a permis, grâce à l’appui de l’association Chauve-Souris Auvergne, de maintenir des micro-cavités favorables à la présence de chauve-souris, sans affecter l’efficacité des travaux. En effet, sans cette prise en compte, ce type travaux peut entraîner un piégeage des individus logés dans les fissures, et une destruction de leurs habitats.

Si vous avez des questions concernant les chauves-souris ou si vous souhaitez signaler sa présence, n’hésitez pas à contacter le Parc (04 73 95 57 57) ou Chauve-Souris Auvergne (04 73 89 13 46) pour nous aider à mieux comprendre — et à mieux protéger — ces espèces.