À Saint-Éloy-la-Glacière, le projet du site de la Fontaine illustre la dynamique positive entre pratiques agricoles et maintien de la biodiversité. Quels sont les bénéfices concrets de cet équilibre, pour les milieux naturels comme pour l’agriculture ?
mots clés : zones humides, biodiversité, agriculture, Contrat territorial bassin versant de la Dore, Grand Cycle de l’eau
Dans un contexte de dérèglement climatique, la diversité des milieux représente plus que jamais un atout pour faire face à ces évolutions. Au cours de l’été 2025, le syndicat mixte du Parc naturel régional Livradois-Forez a concrétisé un projet partenarial, entre la commune de Saint-Éloy-la-Glacière et l’Office National des Forêts, permettant le retour de milieux diversifiés. Les travaux réalisés ont permis la réappropriation locale d’un secteur laissé en friche depuis de nombreuses années.
Un site où convergent les enjeux
Situé sur la commune de Saint-Éloy-la-Glacière, aux sources de la Dolore, ce secteur était encore une plantations d’épicéas il y a une vingtaine d’années. Les difficultés rencontrées pour l’exploitation du bois ont remis en évidence le caractère humide, inadapté à la sylviculture d’une grande partie du site. Sur les conseils de l’ONF, le Syndicat mixte de gestion forestière de Fournols a pris la décision de ne pas replanter ces parcelles.
En 2012, le SAGE de la Dore, à travers un inventaire des zones humides, identifie ce site comme étant la partie amont d’un vaste complexe humide d’intérêt environnemental particulier. Situé en amont direct du site Natura 2000 « Rivières à moules perlières du bassin de la Dolore », il joue un rôle important pour la qualité d’un environnement favorable à cette espèce très sensible.
Un plan de gestion, réalisé par le CEN Auvergne en 2014, met en évidence la présence d’habitats d’intérêt communautaire et d’espèces à enjeux. L’orientation globale des actions préconisées dans ce document vise à favoriser la diversité des milieux, propices à un grand nombre d’espèces, grâce à l’équilibre entre libre évolution et mise en place de pratiques agricoles extensives adaptées.
Des travaux élaborés en concertation
Les travaux réalisés cet été sont le fruit d’échanges entre le syndicat mixte du Parc, la commune de Saint-Éloy-la-Glacière, propriétaire d’une partie du site, et l’ONF, gestionnaire pour le compte du SMGF de Fournols.
Dans l’objectif de favoriser une mosaïque de milieux naturels variés sur l’ensemble du site, qui approche les 8 ha, il a été décidé de créer une alternance de secteurs ouverts, boisés, pâturés ou en libre évolution. Pour répondre à cet objectif tout en faisant appel à l’élevage local, c’est la solution de l’itinéraire pastoral qui a été privilégiée.
Cette pratique permet, par la bonne gestion du pâturage, de conserver une partie des milieux ouverts tout en préservant les milieux humides sensibles. Ici, 2 hectares qui seront ouverts au pâturage.
En phase opérationnelle
Le site étant traversé par un cours d’eau, il a été nécessaire d’aménager deux dispositifs de franchissement et d’installer environ 1 100 mètres de clôtures. Trois bacs d’abreuvement gravitaires, permettant au bétail de s’abreuver dans les différents parcs, ont également été installés.


Aménagement de dispositifs de franchissement et d’abreuvoirs © S. Rigaud, SMPNRLF
Ces bacs sont alimentés par une prise d’eau située dans la zone humide, et équipés d’un système de flotteur qui bloque l’arrivée d’eau lorsque le bac est plein. Cette solution permet de ne prélever que le volume d’eau nécessaire à l’abreuvement des animaux. En complément, une partie du site colonisé par les genêts a été broyés pour faciliter le retour d’une prairie naturelle. À l’exception du broyage, l’ensemble de ces travaux ont été réalisés en régie par l’équipe rivière du syndicat mixte du Parc.
Un bénéfice partagé
Ces travaux, réalisés par le syndicat mixte du Parc Livradois-forez dans le cadre de la Gestion du Grand Cycle de l’eau, ont permis d’initier une dynamique qui vise pérenniser l’interaction bénéfique entre usage agricole local et maintien d’un patrimoine naturel singulier. La poursuite dans le temps de ces pratiques permettra de pérenniser certains habitats humides indispensables pour le développement d’espèces, comme le damier de la Succise présent sur le site. La zone humide, quant à elle, permet de bénéficier de secteurs encore propices au pâturage plus tard dans la saison.
Ce projet bénéficie de la participation financière de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et de la communauté de communes Ambert-Livradois-Forez.